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COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

UN ENTRETIEN PAR MOIS

PAR
M. A. DE LAMARTINE

TOME VINGTIÈME

PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR,
RUE DE LA VILLE L'ÉVÊQUE, 43.

1865

L'auteur se réserve le droit de traduction et de reproduction àl'étranger.

COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

REVUE MENSUELLE.

XX

Paris.—Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.

(p. 5) CXVIe ENTRETIEN.

LE LÉPREUX DE LA CITÉ D'AOSTE,
PAR M. XAVIER DE MAISTRE.

I.

J'entrai au collége des Pères de la foi en 1806; les Pères de la foi,pseudonyme des Jésuites, étaient la renaissance d'un ordre religieux,célèbre, qui n'avouait ni ses souvenirs, ni ses prétentions au monopolede l'enseignement (p. 6) de la jeunesse. L'autorité absolue était leurprincipe, l'obéissance était leur loi; bien commander, bien obéir,étaient pour eux la société tout entière. C'est ainsi qu'ilscomprenaient la politique. Ces principes, vrais quand on commande au nomde Dieu et quand on obéit par humilité volontaire, étaient admirablesdans la famille, inapplicables dans la société politique. L'une estobligée de croire ce qu'on lui dit, l'autre est condamnée à examiner cequ'elle croit. Bonnes ou mauvaises, ces doctrines qui renaissaient sousl'empire despotique de Bonaparte étaient infiniment propres à luiplaire. Aussi les Pères de la foi flattaient-ils l'empereur, etl'empereur favorisait-il les Pères de la foi; le cardinal Fesch, onclede Bonaparte et archevêque de Lyon, était l'intermédiaire de cettefaveur mutuelle; mais ce cardinal, homme de peu d'esprit et de beaucoupd'obstination, voyait dans les Pères de la foi des missionnaires du papeprêts à reconstituer la catholicité romaine avec son indépendance et sasuprématie. Bonaparte admettait bien le principe de la suprématieromaine, mais à condition que la suprématie impériale prévaudrait surtout, et que la véritable (p. 7) église, absolue et universelle, ceserait lui et son empire. De là des dissentiments entre l'empereur etson oncle, qui se terminèrent peu de temps après par l'expulsion desPères de la foi. L'empereur eut tort dans son intérêt; les nouveauxJésuites lui étaient tous dévoués; ils s'efforçaient de nous élever dansson fanatisme, ils nous faisaient célébrer ses victoires et chanter sesapothéoses. Mais l'esprit de famille et l'esprit de contradiction, quicréent si vite l'esprit d'opposition contre ce qui gouverne, nousrendaient généralement plus hostiles au régime militaire de l'empereurque nous ne l'aurions été sous d'autres maîtres. Nous étions desroseaux, mais des roseaux rebelles; on voulait nous courber d'un côté,nous nous courbions du côté contraire. Il y avait un esprit public dansce collége composé de trois cents jeunes gens; cet esprit public étaitrépublicain et royaliste. L'aristocratie de la maison se composait decinq ou six élèves véritablement supérieurs à la masse indifférente etincapable. Les deux élèves qui primaient sur tout le reste étaient unjeune homme de Chambéry, nommé Louis de Vignet, et moi. J'étais plusdisciplinable, de Vignet (p. 8) plus spirituel. À la fin de ma troisièmeannée de rhétorique j'obtins les onze premiers prix de ma classe. DeVignet resta en arrièr

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