COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

REVUE MENSUELLE

XXVII

COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

UN ENTRETIEN PAR MOIS

PAR
M. DE LAMARTINE

TOME VINGT-SEPTIÈME

PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR
9, RUE CAMBACÉRÈS (ANCIENNE RUE DE LA VILLE-L'ÉVÊQUE, 43)
1869

(p. 5) COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

CLVIIe ENTRETIEN
MARIE STUART
(REINE D'ÉCOSSE)
(SUITE ET FIN.)

XXIV

Le matin sema l'horreur avec le bruit de ce meurtre dans le peupled'Édimbourg. L'émotion fut telle, que la reine crut devoir quitterHolyrood et se réfugier dans la citadelle. Elle fut insultée par lesfemmes en traversant les rues; des affiches (p. 6) vengeressescouvraient déjà les murs, invoquant la paix sur l'âme de Darnley, lavengeance du ciel sur sa criminelle épouse. Bothwell, à cheval, l'épéeà la main, parcourut au galop les rues en criant: «Mort aux séditieuxet à ceux qui parlent contre la reine!» Knox monta pour la dernièrefois à la tribune sans se laisser intimider, et s'écria: «Que ceux quisurvivent parlent et vengent!» Puis il secoua la poussière de sespieds, sortit d'Édimbourg et se retira au milieu des bois, dans unecabane de bûcheron, pour attendre ou le supplice ou la vengeance!

(p. 7) XXV

Telle fut la mort de Darnley; jusque-là on pouvait soupçonner lareine, on ne pouvait la convaincre. La suite ne laissa aucun doute sursa participation. En épousant le meurtrier, elle adoptait le crime.

La sédition une fois calmée, elle afficha dans Holyrood la douleuravec le deuil d'une épouse. Elle resta quatorze jours enfermée dansses appartements, sans autre clarté que celle des lampes. Bothwell futaccusé de régicide devant les juges d'Édimbourg par le comte deLennox, père du roi. Le favori, soutenu par son audace, par la reine(p. 8) et par les troupes toujours dévouées à celui qui règne, paruten arme devant les juges et imposa insolemment l'absolution; ilmontait ce jour-là un des chevaux favoris de Darnley, que le peuplereconnut avec horreur sous son assassin. La reine, de son balcon, luifit un geste d'encouragement et de tendresse. L'ambassadeur de Francesurprit ce geste et transmit à sa cour l'indignation qu'il enressentit.

(p. 9) XXVI

«La reine est folle, écrit, à la même époque, un des témoins de cesscandales de passion, tout ce qui est infâme domine maintenant à cettecour, que Dieu nous sauve! Bientôt la reine épousera Bothwell; elle abu toute honte: «Peu m'importe, disait-elle hier, que je perde pourlui, France, Écosse, Angleterre! Plutôt que de le quitter, j'irai aubout du monde avec lui en jupon blanc.» Elle ne s'arrêtera pas qu'ellen'ait tout ruiné ici; on lui a persuadé de se laisser enlever parBothwell pour accomplir plus tôt leur mariage; c'était chose (p. 10)concertée entre eux avant le meurtre de Darnley dont elle est laconseillère et lui l'exécuteur.»

C'était le langage d'un ennemi, mais l'événement justifia bientôtaprès la prophétie de la colère. Quelques jours après, le 24 avril,comme elle revenait de Stirling, où elle avait été visiter son filsélevé loin d'elle, Bothwell, avec un groupe de ses amis en armes,l'attendit au pont d'Almondbridge. Il descendit de cheval, pritrespectueusement la bride de celui de la reine, feignit une légèreviolence, et la co

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